Entre Nous

27 septembre, 2008

Le mouton, roi vacillant d’Australie

Filed under: AUSTRALIE — db @ 6:07

 

 
Reportage
Le mouton, roi vacillant d’Australie
LE MONDE | 26.09.08 | 15h16  •  Mis à jour le 26.09.08 | 15h16
ARMIDALE (AUSTRALIE) ENVOYÉ SPÉCIAL

a pluie n’a pas totalement délaissé Armidale. La sécheresse de ces dernières années n’a pas été aussi impitoyable qu’ailleurs en Australie. La famille Taylor continue de voir la vie en vert et blanc. Le soleil n’a pas repeint les prairies de leur ferme, située à 400 kilomètres de Sydney, dans la Nouvelle-Galles du Sud, en sépia, couleur de l’herbe brûlée. Dans leur propriété aussi grande que la principauté de Monaco, où le portable ne passe pas, les 5 000 moutons courent toujours.
Depuis que Michael Taylor, 32 ans, a repris la ferme familiale, il y a quatre ans, il a été obligé de vendre 2 000 agneaux. « La sécheresse nous a donné plus de travail, on a dû nourrir les bêtes, explique cet ingénieur agricole. Mais nous sommes encore là à faire de la laine ! »  

Comme la plupart des 55 000 fermiers australiens, M. Taylor produit cette fibre, le mérinos, marque de fabrique du pays depuis 1807. La sécheresse a arasé des milliers d’hectares de prairies et condamné les éleveurs à vendre une partie de leurs animaux aux abattoirs. Il reste aujourd’hui près de 89 millions de moutons contre 181 millions en 1991, selon le Conseil national des courtiers en laine d’Australie. Et même si plus de 50 % de la laine mondiale consacrée aux vêtements provient de cette île-continent – le pays est le premier exportateur de laine au monde -, la fibre est en crise. Sa production est passée de 510 000 tonnes en 2005-2006 à 437 000 tonnes en 2007-2008, selon le Bureau australien de l’agriculture et des ressources économiques (Abare).

« DES CHEFS D’ENTREPRISE »

 

Face à ce malaise, des fermiers se sont suicidés, d’autres cherchent du réconfort auprès d’une « hot line », un soutien téléphonique aux éleveurs désespérés. « Ils sont nombreux à vouloir abandonner la laine pour se tourner vers les céréales ou l’élevage de boeufs, plus rentables », explique Chris Wilcox, directeur exécutif du Conseil national des courtiers en laine. « Les fermiers ne font pas assez de profit », explique-t-il. Pourtant, derrière la viande rouge et les céréales, la laine reste le troisième produit agricole exporté par le pays, rapportant près de 2 milliards d’euros. « Mais pour combien de temps ? », s’interroge M. Wilcox. « Les fermiers sont à un tournant », explique James Rowe, en charge du laboratoire de recherche sur les moutons à l’université du New England. Mais difficile pour eux de renoncer à la laine car, selon lui, « elle est très ancrée dans leur culture. Et ils font vivre directement au moins 200 000 personnes ».

« On croit que le fermier est riche, dit Melly Taylor, 34 ans, une Française, mariée à Michael depuis onze ans. Mais non ! Son argent, c’est le mouton. » Les Taylor vivent principalement de la tonte. Pour 2009, son mari a déjà presque vendu la totalité de ses centaines de kilos de laine pour 220 000 dollars australiens (125 550 euros). « Ça sera quasiment notre chiffre d’affaires de l’année », explique M. Taylor. Il faut payer les deux employés, les impôts, la nourriture pour les animaux… « Il nous restera pour vivre 40 000 dollars et nous sommes cinq », raconte Melly.

Alors pour augmenter leur revenu, les Taylor organisent régulièrement la fit farm, un séjour de remise en forme pour les femmes qui souhaitent maigrir. « C’est exactement ce qu’il faut faire, explique Robbie Sefton, 46 ans, fermière et directrice d’une importante agence de communication qui conseille les éleveurs. Le fermier doit avoir des idées, être un vrai PDG, faire du marketing… C’est notre porte de sortie. »

Certains fermiers hésitent aussi à vendre leur terrain estimé à plus de 1 200 euros l’hectare. « Mais pour quoi faire après ? », s’interroge Philip Attard, 54 ans. Depuis quatre ans, cet ancien haut cadre a décidé de reprendre la ferme Gostwyck qui appartient à la famille de sa femme depuis 1834. 18 500 moutons, 20 employés, et une seule idée en tête : avoir une laine qui se rapproche du cachemire. Il s’est donné trois ans pour y arriver. « Si nous voulons vivre, il faut proposer une meilleure qualité, viser le luxe », raconte-t-il. Pour cela, il sélectionne les meilleurs mâles. « Je voudrais vendre le kilo de cette laine à 50 dollars australiens, espère M. Attard. Mais les fabricants veulent toujours tirer les prix vers le bas. Un jour, ils auront notre peau. »

Pour le moment, des fabricants exigent que les fermiers stoppent le mulesing, une pratique qu’ils jugent « cruelle ». Depuis les années 1930, les éleveurs procèdent à l’ablation d’une partie de la peau de l’arrière-train du mouton, afin d’éviter qu’une mouche à viande ponde des oeufs dans les pliures de l’animal. Les vers qui s’y développent pourraient tuer 3 millions d’animaux chaque année si rien n’était fait, selon l’organisation de l’industrie australienne du mouton et de la laine. Des marques comme H & M ou Hugo Boss ont menacé de boycotter les éleveurs adeptes du mulesing. Les fermiers ont jusqu’en 2010 pour trouver une solution. « J’utilise de plus en plus un traitement chimique, assure M. Attard. Ça prend plus de temps et ça coûte plus cher ! »

Dans leur « malheur », les fermiers doivent aussi faire face aux émissions de gaz (le méthane) que dégage leur bétail. L’agriculture est la deuxième cause de pollution en Australie. « Le gouvernement envisage de nous taxer », explique M. Attard. Alors, pour compenser, les fermiers plantent des milliers d’arbres dans leur propriété. Les Taylor en ont semé plus de 4 000 en 2007, pratiquement le double pour cette année. « La biodiversité s’accroît », se félicite Melly.

Cette ingénieure soupire. Elle aurait pu continuer à vivre à Melbourne, gagner 250 000 dollars australiens par an dans une entreprise de consultant qu’elle avait créée… « C’est un choix de vie, assure-t-elle. Nous sommes des chefs d’entreprise qui vivons en pleine nature. »

 

Mustapha Kessous
Article paru dans l’édition du 27.09.08



 

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4 commentaires »

  1. maide a travailler dans des fimes des moutons ou me donnee les sites des firmes des moutons pour les contactes

    Commentaire par faical kouas — 23 février, 2009 @ 2:26 | Réponse

  2. en ma proposer en colége une rechérche sur les moutons en australie, mé mal heureusement je ne trouve rien de spésial qui puise m’aider :'(:'(…

    Commentaire par cylia — 15 octobre, 2010 @ 11:35 | Réponse

  3. Salujt a vous tous !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Au collége je doit travailler sur lkes station & comment il rassemble l’bétail en australie . … AIDEZ MOI ;'( ;'( :(: :(:(:(:(:( …………………………………………..merci……………………..

    –*

    Commentaire par Tékaté j'suis une Bégé. — 10 février, 2011 @ 12:38 | Réponse

  4. Ta gueule. Merci. Au revoir.

    Commentaire par Tékaté j'suis une Bégé. — 10 février, 2011 @ 12:38 | Réponse


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