Entre Nous

4 février, 2017

Maupassant : Coco

Filed under: COMPRÉHENSION ORALE,LITTÉRATURE — db @ 8:19

GUY DE MAUPASSANT(1850 – 1893)(Coco a paru dans le Gaulois du 21 janvier 1884 puis dans Les Contes du Jour et de la Nuit en 1885) Coco est ici et la version anglaise c’est là

mp3 

COCO

Dans tout le pays environnant on appelait la ferme des Lucas « la Métairie». On n’aurait su dire pourquoi. Les paysans, sans doute, attachaient à ce mot « métairie » une idée de richesse et de grandeur, car cette ferme était assurément la plus vaste, la plus opulente et la plus ordonnée de la contrée.

La cour, immense, entourée de cinq rangs d’arbres magnifiques pour abriter contre le vent violent de la plaine les pommiers trapus et délicats, enfermait de longs bâtiments couverts en tuiles pour conserver les fourrages et les grains, de belles étables bâties en silex, des écuries pour trente chevaux, et une maison d’habitation en brique rouge, qui ressemblait à un petit château.Les fumiers étaient bien tenus ; les chiens de garde habitaient en des niches, un peuple de volailles circulait dans l’herbe haute.Chaque midi, quinze personnes, maîtres, valets et servantes, prenaient place autour de la longue table de cuisine où fumait la soupe dans un grand vase de faïence à fleurs bleues.Les bêtes, chevaux, vaches, porcs et moutons, étaient grasses, soignées et propres ; et maître Lucas, un grand homme qui prenait du ventre, faisait sa ronde trois fois par jour, veillant sur tout et pensant à tout. (more…)

27 juin, 2016

Perec : La Disparition

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 4:30

Cet extrait est tiré d’un roman, La Disparition (1969) de G. Perec. Que remarquez-vous?

Anton Voyl n’arrivait pas à dormir. Il alluma. Son Jaz marquait minuit vingt. Il poussa un profond soupir, s’assit dans son lit, s’appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l’ouvrit, il lut; mais il n’y saisissait qu’un imbroglio confus, il butait à tout instant sur un mot dont il ignorait la signification.

Il abandonna son roman sur son lit. Il alla à son lavabo; il mouilla un gant qu’il passa sur son front, sur son cou.

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Pérec: L’obsession de l’argent

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 1:27

Ils auraient aimé être riches. Ils croyaient qu’ils auraient su l’être. Ils auraient su s’habiller, regarder, sourire comme des gens riches. Ils auraient eu le tact, la discrétion nécessaires. Ils auraient oublié leur richesse, auraient su ne pas l’étaler. Ils ne s’en seraient pas glorifiés. Ils l’auraient respirée. Leurs plaisirs auraient été intenses. Ils auraient aimé marcher, flâner, choisir, apprécier. Ils auraient aimé vivre. Leur vie aurait été un art de vivre.

Ces choses-là ne sont pas faciles, au contraire. Pour ce jeune couple, qui n’était pas riche, mais qui désirait l’être, simplement parce qu’il n’était pas pauvre, il n’existait pas de situation plus inconfortable. Ils n’avaient que ce qu’ils méritaient d’avoir. Ils étaient renvoyés, alors que déjà ils rêvaient d’espace, de lumière, de silence, à la réalité, même pas sinistre, mais simplement rétrécie – et c’était peut-être pire – de leur logement exigu, de leurs repas quotidiens, de leurs vacances chétives.
C’était ce qui correspondait à leur situation économique, à leur position sociale. C’était leur réalité , et il n’en n’existait pas d’autre. Mais il existait, à côté d’eux, tout autour deux, tout au long des rues où ils ne pouvaient pas ne pas marcher, les offres fallacieuses, et si chaleureuses pourtant, des antiquaires, des épiciers, des papetiers. Du Palais-Royal à Saint-Germain, du Champ-de-Mars à l’Étoile, du Luxembourg à Montparnasse, de l’île Saint-Louis au Marais, des Ternes à l’Opéra, de la Madeleine au parc Monceau, Paris entier était une perpétuelle tentation. Ils brûlaient d’y succomber, avec ivresse, tout de suite et à jamais. Mais l’horizon de leurs désirs était impitoyablement bouché; leurs grandes rêveries impossibles n’appartenaient qu’à l’utopie. [. . . ]
L’économique, parfois, les dévorait tout entiers. Ils ne cessaient pas d’y penser. Leur vie affective même, dans une large mesure, en dépendait étroitement. Tout donnait à penser que, quand ils étaient un peu riches, quand ils avaient un peu d’avance, leur bonheur commun était indestructible; nulle contrainte ne semblait limiter leur amour. Leurs goûts, leur fantaisie, leur invention, leurs appétits se confondaient dans une liberté identique. Mais ces moments étaient privilégiés; il leur fallait plus souvent lutter: aux premiers signes de déficit, il n’était pas rare qu’ils se dressent l’un contre l’autre. Ils s’affrontaient pour un rien, pour cent francs gaspillés, pour une paire de bas, pour une vaisselle pas faite. Alors, pendant de longues heures, pendant des journées entières, ils ne se parlaient plus. Ils mangeaient l’un en face de l’autre, rapidement, chacun pour soi, sans se regarder. Ils s’asseyaient chacun dans un coin du divan, se tournant à moitié le dos. L’un ou l’autre faisait d’interminables réussites.
Entre eux se dressait l’argent. C’était un mur, une espèce de butoir qu’ils venaient heurter à chaque instant. C’était quelque chose de pire que la misère: la gêne, l’étroitesse, la minceur. Ils vivaient le monde clos, de leur vie close, sans avenir, sans autres ouvertures que des miracles impossibles, des rêves imbéciles, qui ne tenaient pas debout. Ils étouffaient. Ils se sentaient sombrer. Ils pouvaient certes parler d’autre chose, d’un livre récemment paru, d’un metteur en scène, de la guerre, ou des autres, mais il leur semblait parfois que leurs seules vraies conversations concernaient l’argent, le confort, le bonheur. Alors le ton montait, la tension devenait plus grande. Ils parlaient, et, tout en parlant, ils ressentaient tout ce qu’il y avait en eux d’impossible, d’inaccessible, de misérable. Ils s’énervaient; ils étaient trop concernés.

Georges Perec, Les Choses

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31 juillet, 2015

Apollinaire : Calligrame

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29 juillet, 2015

Le Petit Prince

Filed under: CINEMA,LITTÉRATURE — db @ 5:00

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Le Petit Prince original

Et maintenant le film
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12 juillet, 2015

Appolinaire : Calligramme

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 9:06

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4 juin, 2015

Des livres à lire et à entendre

Filed under: COMPRÉHENSION ORALE,LITTÉRATURE — db @ 12:11

Le site : Littératureaudio propose plus de 600 Livres Audio Gratuits !

Son programme :

Rendre accessibles à tous  les joies de la littérature : tel est le but de ce site internet, créé au sein de l’association

Des Livres à Lire et à Entendre.

Nos livres audio sont gratuits et téléchargeables au format mp3 pour que vous puissiez les écouter partout, par exemple sur votre baladeur numérique.


22 Mai, 2015

Jacques Prévert : Le message

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 4:17
Tags: , ,
La porte que quelqu’un a ouverte
La porte que quelqu’un a refermée
La chaise où quelqu’un s’est assis
Le chat que quelqu’un a caressé
Le fruit que quelqu’un a mordu
La lettre que quelqu’un a lue
La chaise que quelqu’un a renversée
La porte que quelqu’un a ouverte
La route où quelqu’un court encore
Le bois que quelqu’un traverse
La rivière où quelqu’un se jette
L’hôpital où quelqu’un est mort. (more…)

20 Mai, 2015

Baudelaire : L’Homme et la Mer

Filed under: COMPRÉHENSION ORALE,LITTÉRATURE — db @ 2:48
Tags: ,

L’Homme et la mer

Homme libre, toujours tu chériras la mer!

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4 Mai, 2015

La Fontaine : Le Corbeau et le Renard

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 10:02

Vous pouvez écouter la fable ici

Et le lire ici: (more…)

16 mars, 2015

Prévert : Barbara

Filed under: COMPRÉHENSION ÉCRITE,LITTÉRATURE — db @ 12:56
Tags: ,

barba

Une lecture du poème par Serge Reggianni

Jacques Prévert

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14 mars, 2015

Vous aimez la littérature ?

Filed under: COMPRÉHENSION ÉCRITE,LIENS,LITTÉRATURE — db @ 9:18
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Vous trouverez 301 classiques de la littérature francophone, disponibles gratuitement sur le site Bibliothèque Numérique

 

 

 

5 décembre, 2014

La Fontaine : Le Chêne et le Roseau

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 3:14

chebe

2 décembre, 2014

Guillaume Apollinaire : Le pont Mirabeau (1912)

Filed under: COMPRÉHENSION ORALE,LITTÉRATURE — db @ 3:52
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pont_mirabeau.jpg

Pour écouter le poème par Apollinaire lui-même

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine (more…)

20 février, 2012

Baudelaire : Le Chat (1)

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 12:35


Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.

Charles Baudelaire

5 janvier, 2012

Victor Hugo : Elle avait pris ce pli…

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 12:13

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère ;
Elle entrait et disait : « Bonjour mon père » ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres s’asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s’en allait comme un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu’elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c’était un esprit avant d’être une femme.
Son regard reflétait la clarté de son âme.
Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh! que de soirs d’hiver radieux et charmants
Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
J’appelais cette vie être content de peu !
Et dire qu’elle est morte! hélas! que Dieu m’assiste !
Je n’étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J’étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j’avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

Novembre 1846, jour des morts
Victor Hugo, les contemplations

Vous pouvez aussi écouter et lire cette version chantée:

17 février, 2011

La Fontaine : Le loup et l’agneau

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 8:37

La raison du plus fort est toujours la meilleure :

Nous l’allons montrer tout à l’heure .

Un agneau se désaltérait

Dans le courant d’une onde pure.

Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,

Et que la faim en ces lieux attirait.

Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?

Dit cet animal plein de rage :

Tu seras châtié de ta témérité.

Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté

Ne se mette pas en colère ;

Mais plutôt qu’elle considère

Que je me vas désaltérant

Dans le courant,

Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;

Et que par conséquent, en aucune façon,

Je ne puis troubler sa boisson.

Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,

Et je sais que de moi tu médis l’an passé.

Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?

Reprit l’agneau ; je tette encor ma mère

Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

Je n’en ai point. C’est donc quelqu’un des tiens :

Car vous ne m’épargnez guère,

Vous, vos bergers et vos chiens.

On me l’a dit : il faut que je me venge. »

Là-dessus, au fond des forêts

Le loup l’emporte et puis le mange,

Sans autre forme de procès.

 

Jean de LA FONTAINE (1621-1695) Recueil : Les Fables

 

Pour voir une ancienne affiche scolaire du XIXème siècle:

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20 août, 2010

Dix astuces pour lire

Filed under: LANGUE,LITTÉRATURE — db @ 2:05
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Dix astuces pour lire

7 juillet, 2010

Baudelaire : Le Chat (2)

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 10:37

Le Chat

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Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu’en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l’entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s’apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
Suite du texte

4 juin, 2010

Victor Hugo: Demain, dès l’aube…

Filed under: LITTÉRATURE — db @ 9:49

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Pour écouter :

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.  

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Et, quand j’arriverai je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

3 septembre 1847.

Pour voir une version BD du poème
hugo21.jpg

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