Sarkozy : Vaudou

Publié le 23/10/2008 à 12:28 – Modifié le 29/10/2008 à 14:49 Le Point.fr

La justice va décider du sort de la poupée vaudou de Nicolas Sarkozy

lepoint.fr (avec agence)

Le sort de la poupée vaudou de Nicolas Sarkozy, en sursis depuis que le président de la République a réclamé son interdiction devant la justice, sera tranché mercredi à 14 heures. L’avocat du chef de l’État, Thierry Herzog, reproche à l’éditeur K&B « une violation du droit à l’image ». Il réclame le retrait des figurines, sous astreinte de 1.000 euros par poupée encore en vente.  

Commercialisé depuis le 9 octobre dans les librairies et sur Internet, l e « Manuel vaudou, Nicolas Sarkozy », est un livre-objet présenté dans un coffret contenant une poupée de tissu, un lot de 12 aiguilles, ainsi qu’un ouvrage de 56 pages. Outre une biographie humoristique de Nicolas Sarkozy, le manuel propose « un grand nombre de sortilèges magiques » et invite le lecteur à planter des aiguilles sur la poupée à son effigie pour « conjurer le mauvais oeil ». Au coffret bleu Nicolas Sarkozy, tiré à 20.000 exemplaires, répond un coffret rouge Ségolène Royal, tiré à 12.000 exemplaires. Bénéficiant d’un énorme écho depuis l’annonce de l’action en justice du président, le premier figurait vendredi en tête des ventes sur la librairie en ligne amazon.fr, tandis que le second s’affiche à la sixième place !

« On est dans le cadre de la satire et de la caricature  » (défense)

La présidente de la région Poitou-Charentes a décidé, contrairement à Nicolas Sarkozy, de ne pas porter plainte. Cela n’a pas empêché son avocat, Jean-Pierre Mignard, de dénoncer une « atteinte à la dignité de la personne humaine ». Le chef de l’État, lui, n’a pas hésité. Il a donc assigné en référé Tear Prod, dont la maison d’édition K&B qui édite le livre. « L’exploitation de l’image commerciale d’une personne à des fins commerciales doit avoir été expressément autorisée par celle-ci », affirme Me Herzog.

Selon lui, « il n’est pas question de demander à la justice le retrait d’un livre », considérant que la figurine était totalement dissociable de l’ouvrage, tel le « cadeau Bonux » jadis distribué dans les barrils de lessive de la même marque. Faux, lui rétorque Me Arnaud Rouillon qui défend les intérêts de K&B. Le livre et la poupée sont « indissociables. C’est un ensemble. Il ne faut pas s’y tromper. »

Principal point d’achoppement entre les deux parties : le statut de la poupée litigieuse. « Objet publicitaire » pour Nicolas Sarkozy, elle n’est pour l’éditeur qu’une « oeuvre de l’esprit », vendue en librairie et « non dans les rayons jouet ». « On est dans le cadre typique de la satire et de la caricature », plaide Me Rouillon, invoquant « le droit à l’humour consacré par la jurisprudence ». Il a fait référence aux expressions inscrites sur la poupée Sarkozy. Des expressions qui ont « jalonné la vie politique de Nicolas Sarkozy », du « racaille », au « Casse-toi pauv’con » lancé au salon de l’Agriculture à un homme qui refusait de lui serrer la main. Reste à savoir si les juges goûteront ce genre d’humour.